L’heure de vérité pour le vainqueur du Carnaval à RIO des millions de personnes comme nous à la Pousada Esmeralda, ont vibrés au son des Ecoles de Samba regardant la retransmission du Sambadrome de Rio, juste avant de sortir pour le Carnaval de rue dans notre quartier de Santo Antonio du centre historique à Salvador de Bahia.
C’est Portela qui cette année nous a fait vibré à la maison, son enredo cette année…….Salvador de Bahia.
Le public aux yeux rivés sur tout ce qui bouge ; l’illusion du “petit peuple” devenant « les rois de l’avenue » ; une ville qui s’arrête pour créer, concrétiser, matérialiser et exporter l’un de plus grands rêves (après ou avec le footbal) vers le monde entier.
Mais comment s’explique-t-il les méandres d’une école de samba, son architecture, sa “colonne vertébrale”, son fonctionnement ?
Pendant les défilés, les écoles sont jugées et classées sous des critères (quesitos) très stricts. Chaque école a entre 65 et 80 minutes pour parader sur les 700 mètres de piste. Quelques minutes en dessous ou au dessus pénalise dans le quesito- temps et l’école perd des points dans le classement.
“Architecture” du Carnaval de Rio.
Les Écoles de Samba, phénomène socio-culturel typique de Rio de Janeiro, né aux débuts des années trente, est devenu l’événement carnavalesque le plus important du Brésil. Il exige une organisation extrêmement complexe et rigoureuse. Chaque école choisit un « samba-enredo » (thème de l’école pour le défilé).
Composition :
Une école est divisée en chars allégoriques(entre 5 et 8) et en ailes.
Comissão de Frente :
C’est le premier groupe (composé d’un minimum de 10 danseurs et d’un maximum de 15) que l’on voit quand une École de samba rentre dans l’Avenida Marquês de Sapucai, connue sous le nom de « Sambodramo » . La fonction de cette délégation consiste à introduire et à présenter l’école au public. Avant c’était la Velha Guarda composée par les anciens qui présentaient l’école. Pour devenir un membre de la Velha Guarda, il faut appartenir – corps et âme – à la communauté et avoir dans son sang la tradition culturelle. La Velha guarda est source et racine. Son âme possède l’esprit bohème et la verve du début du siècle. Ces dernières années, la « Comissão de frente » a changé. Ce sont des danseurs qui annoncent le passage de leur école, par une chorégraphie d’une grande plasticité choisie en fonction du thème de l’école.
Les Chars allégoriques :
L’atelier de conception des chars allégoriques est dirigé par un « architecte » sur qui reposent non seulement le bon fonctionnement des chars pendant toute la parade mais aussi et surtout la sécurité des participants qui sont autour et sur les chars. N’oublions pas que leurs structures métalliques sont très lourdes et les 30 à 40 artistes évoluant sur les chars portent des costumes pouvant atteindre 30kg chacun.
Les ailes :
Chaque aile doit avoir un lien avec le thème. Étant donné que le « samba-enredo » raconte une histoire, l’aile donne le sens de chaque « paragraphe » de la narration. L’enchaînement cohérent des ailes compose la syntaxe globale et permet la fluidité du défilé. Il peut y avoir jusqu’à 150 personnes dans chaque aile (ala), habillés du même costume. Souvent ces costumes ont des structures métalliques lourdes et les danseurs doivent s’appliquer pour faire oublier ce poids pendant le défilé. Quand aux plumes elles sont synthétiques.
Des racines… et des ailes…
Les Baianas : (au minimum 100 danseuses) composée exclusivement de femmes qui portent le costume traditionnel de Salvador de Bahia (environ 15 kilos). C’est l’âme féminine de l’école, c’est son essence. Les bahiannaises représentent la tradition. Au début du XIXème siècle, ces « vieilles » noires, venues de Salvador da Bahia, installées dans les quartiers pauvres de la ville de Rio, préparaient des « quitutes e tira-gostos » ( tapas pour l’apéritif) pour rassasier les musiciens, les compositeurs et les bohèmes de la région. On les nommait les » tias » – les taties. Quand l’aile des Baianas arrive, c’est la tradition qui passe et salue le public, c’est le coeur de la représentativité de l’école, de ses origines et de ses racines qui tournoie, danse et compose un tableau unique. D’une certaine façon, l’Afrique passe à travers ces baianas éveillant des sentiments qui renouent notre présent au passé africain.
L’aile Mirim : (les enfants) C’est la complémentarité de l’aile « des vieux papis » et de l’aile des baianas. C’est la jeunesse qui reprendra le flambeau de la tradition, des us et coutumes et de la culture populaire. Elle est responsable de l’intégrité de l’école, des racines de la samba et du savoir danser (samba no pé – avec la samba dans les pieds) projetant ainsi l’école dans l’avenir.
Bateria : Ensemble de musiciens percussionnistes ( minimum 200 ), responsables du rythme de l’école. Imaginez environ 200 à 300 percussionnistes, le coeur de l’école, assurant le rythme en dialoguant avec la voix du puxador do samba-enredo dans le bon tempo.
C’est de l’émotion à l’état brute tout le long du défilé.
Glossaire
Quesito – critères de classement des écoles.
Samba-enredo – chanson, thème, histoire racontée sous forme de samba.
Carioca – terme qui désigne les habitants de Rio de Janeiro.
Carnavalesco – responsable artistique de la mise en scène du thème et du défilé (l’ensemble des tableaux, chars et évolution) de l’école pendant le défilé.
Quitutes e tira-gostos – en-cas, tapas, petites entrées pour l’apéritif.
Puxador – meneur du samba-trame, qui chante les paroles de la samba tout le long du défilé. Il est le responsable de la marche et de la cadence de la Samba.
http://youtu.be/DGq_dwgdZgs